1/ Généralités sur l’entrainement
Le monde du chien de sport ou d’utilité omet encore trop fréquemment cet élément fondamental dans la préparation d’un chien qu’est son entraînement physique, au profit d’une formation spécifique à l’inverse souvent très bien conduite. Il n’en demeure pas moins que de tels chiens sont amenés à se conduire au quotidien comme de véritables programmes de développement et maintien de leur forme physique.
Les grands principes d’entraînement
Contrairement à ce qui se pratique encore trop souvent, n’import quelle activité demandée au chien ne constitue pas forcément un entraînement. En effet, la charge appliquée lors de ce dernier nécessite non seulement une certaine intensité, mais aussi une durée d’application suffisante afin de se révéler efficace pour l’organisme du chien. Ainsi, dans l’établissement du programme d’entraînement, deux principes doivent impérativement être respectés, comme gages d’efficacité :
- connaître la principale source d’énergie utilisée lors de l’activité en cause (oxydation des lipides pour l’effort long, glycolyse anaérobie pour l’effort bref, ou combinaison des deux),
- à l’aide du principe de surcharge, proposer un programme qui permettra de développer au mieux l’utilisation de cette source d’énergie.
On comprend alors la nécessité d’augmenter la charge de travail imposée au fil du temps et au fur et à mesure de l’amélioration obtenue de la performance. Un tel programme ne devra pas se limiter, pour le chien de sport, à une approche annuelle : l’amélioration sera recherchée d’année en année, imposant au conducteur de ne jamais laisser son chien au repos complet durant plusieurs mois, comme c’est parfois encore le cas.
La motivation du chien ne doit pas être délaissée : ce dernier acceptera plus volontiers une course de 10 kilomètres que 10 répétitions d’un même trajet de 1 kilomètre, et préfèrera un parcours varié à un local fermé.
Structurer l’entrainement
Un bon plan d’entraînement est structuré en fonction des objectifs à atteindre :
- charge progressive et croissante,
- charge continue (ne cessant pas au prétexte de vacances ou week-ends prolongés du conducteur),
- périodicité (montée en puissance, plateau de forme durant les compétitions, transition avec la saison suivante via un désentraînement)
- succession judicieuse des phases (en début de séance, on place les exercices dont l’efficacité requiert un état reposé de l’animal –exercices de coordination, de vitesse, de force explosive- puis viennent les exercices dont l’efficacité repose sur une récupération incomplète – résistance-, pour enfin terminer la séance par des efforts visant à développer l’endurance).
A partir de ces éléments, chaque programme devra développer les systèmes qui prédominent dans l’activité physique ou sportive à laquelle il doit préparer le chien : endurance pure (chien de traîneau en longue distance, chien de chasse), vitesse pure (lévriers de course, agility), résistance – vitesse – puissance (chien de ring), endurance – résistance – explosivité (chien de recherche en décombres), etc…
2/ Entrainer pour l’effort court
Avant même d’envisager les méthodes d’entraînement transposables au chien pratiquant un effort court, il est important de préciser que même dans un tel cadre le chien ne fonctionne jamais de manière exclusive sous un métabolisme énergétique anaérobie lactique. C’est ainsi que même chez un lévrier de course pratiquant un effort très intense ne dépassant pas trente secondes environ 25 p100 de l’énergie est d’origine aérobie !
Pour le chien de travail, un entraînement adapté à l’effort court aura pour objectifs :
- de stimuler l’efficacité biologique et le rendement énergétique du processus anaérobie lactique
- d’améliorer la tolérance de l’organisme à l’élévation induite des lactates intramusculaires et sanguins
- d’augmenter la puissance musculaire du chien afin de lui assurer une meilleure gestuelle de l’effort et surtout d’aider à prévenir les accidents traumatologiques liés à ce dernier.
Chez de tels chiens, toutefois le travail en endurance fondamentale (courses longues à petite vitesse) demeure une nécessité car il contribue
- au développement optimal du muscle cardiaque
- au développement du réseau de vaisseaux sanguins, pou une meilleure oxygénation du muscle
- à faciliter la récupération après un travail intense.
Concernant la filière énergétique anaérobie lactique, le chien doit gagner en puissance et en capacité. La puissance de la filière correspond à sa faculté à produire une très grande quantité d’énergie sur un temps donné. La capacité correspond quant à elle à la faculté de continuer de fonctionner dans le temps. En prenant l’exemple d’un réservoir et d’un robinet, la capacité correspond au volume total du réservoir et d’un robinet, la capacité correspond au volume total du réservoir et la puissance au débit du robinet. Pour le chien, l’idéal est bien sûr de disposer d’un réservoir très volumineux et d’un robinet permettant un haut débit. Plus la puissance est importante et plus l’intensité des efforts qu’elle permet est élevée. Plus la capacité est grande et plus l’intensité des efforts peut être maintenue dans le temps.
Développer la puissance et la capacité de la filière anaérobie lactique présente comme intérêt de pouvoir demander aux chiens d’éventuelles répétitions d’efforts brefs (de l’ordre de une à deux minutes) mais intenses.
D’une manière générale et pour schématiser :
- avec des efforts intenses de 1 minute environ on agit principalement sur la puissance anaérobie lactique et secondairement sur la capacité
- avec des efforts intenses de 3 minutes environs on agit principalement sur la capacité anaérobie lactique et secondairement sur la puissance.
º séances visant à améliorer la puissance anaérobie lactique
L’objectif est ici de faire réaliser au chien des efforts obligeant cette filière énergétique à fonctionner à 100 p100 de ses capacités. Le but est que le chien fasse des courses les plus rapides possibles sur des durées de 25 à 45 secondes, suivies de trois minutes de récupération active (pas, petit trot) afin de lui permettre d’éliminer l’acide lactique produit. On peut pour ce faire, sans prendre de risque pour le chien, le faire courir après une motocyclette, ou sur une ligne droite d’environ 400 mètres. Dans ce dernier cas, le conducteur et un aide motivent le chien à l’aide de son jouet ou objet de mordant. Huit à dix répétitions entrecoupées des trois minutes de récupération active évoquées sont nécessaires à un progrès biologique, en veillant bien sûr à maintenir la motivation ludique du chien.
º séances visant à améliorer la capacité anaérobie lactique
Dans ce cas, l’objectif est de faire travailler le chien en ayant au préalable provoqué une accumulation d’acide lactique au niveau de ses muscles. Le but est d’habituer l’organisme à mieux tolérer la présence d’acide lactique et d’essayer de réduire au maximum l’écart existant entre la production lactique et les processus d’élimination de ce dernier.
On peut dans ce cas procéder de manière simple en plaçant le conducteur et un aide à chaque extrémité d’un terrain de football, chacun étant doté d’un objet « jouet » ou de mordant. Le chien est envoyé de l’un à l’autre, en diminuant progressivement son temps de repos passif (récupération passive évitant l’oxydation des lactates) au pied de chaque personne (deux minutes au début, puis jusqu’à 5 secondes après une vingtaine de répétitions de l’exercice).